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samedi 19 mars 2016

KAISER SOSIE

Maure de virilité
 

Voici la seconde bataille d’Alger. Alger la blanche, la radieuse, etc. Alger de Getlato aussi, càd Alger de la Regla (redjla). C'est-à-dire Alger la virile aussi )). Ce culte de la « virilité » – c’est le masculinisme pur et dur – a été porté à l’écran par l’excellent Merzak Allouache avec son film « Getlato » des années 70 (contraction de redjla getlat-ou en argot arabe algérois pour « (le culte de) la virilité. l’a tué » - là, ce n’est « Omar m’a tue», mais c’est Omar Getlato, l’héros de ce film, qui est « tué » : « Omar mort de virilité », « Omar obsédé par sa virilité/masculinité ». En réalité, ce terme RGL de radjel « l’homme, le mâle » est dans le nom d’Alger, et il existerait depuis longtemps quasiment partout, de Cadix jusqu’en Inde comme nous le verrons plus loin.
 

Reb Dzayer
Qu’en est-il des mythes populaires algérois des années 80 et après ? Ah ! les divinités algéroises ! Si chez les Grecs, les atlantes tiennent la voûte céleste, à Alger il y a les hitistes « oisifs, désœuvrés » qui soutiennent les murs d’Alger faute de mieux. Ce sont les laissés pour compte, qui ne peuvent réaliser donc pleinement leur « devoir régalien » de redjla, le devoir d’être un homme, un mâle, un maure. Tu parles s’il y a frustration ! Il y a ensuite d’autres « divinités » à qui la fortune a souri : le chikour « caïd, maquereau » dans tel ou tel domaine ou territoire ; le qemqum ou les qmaqem « les caciques » et autres gros bonnets du système, le qelwa « parrain », le plus souvent un colonel/général (littéralement un « couillu » si l’on se réfère au kabyle/berbère) ; un niveau en-dessus de trouve le Reb El Meqla, littéralement le « Roi de la poêle » ; et plus récemment, une nouvelle divinité est venu s’ajouter au panthéon algérois : le « Reb Dzayer » soit le « dieu d’Alger-ie » (c’est le summum de puissance pour un homme), le chef des srabès (les services de renseignements), la « tchektchouka » ou la version argélienne de la « tchéka » russe-soviétique. Et toutes ces divinités ne rêvent que d’une chose : faire sauter Alger, l’Algérie, le pays, tha-murth en kab et bled en arabe (ça signifie "putain" en russe !), car c’est elle la « femme », putain de bled 

Et puis un jour, les m’diynin « pieux » d’antan – surtout après la rupture de stock de bromure en 1990 et à force de trop fumer la chicha égyptienne du Chic Qesh-que-Ché et d’avaler les « harz/amulettes de viagra » du Chic Qarqur-Dawi et autres grands « savons » du « labo-sawdite » – se sont tout d’un coup métamorphosés en bigots féroces, et leur chef de file Ali-Bido faisait saliver les foules en promettant aux possédés de faire d’eux des possesseurs et de faire cesser cette pratique impie de niquer l’Algérie sans hayak (voile) et sans qu'ils participent. Et au jeu du pluripartouzme, ces obsédés lascifs et dopés à la « harz-viagra » ont gagné les « érections »…Et commença alors le radada version sadomaso, l'Algérise prise par les moustachus et les barbus, la longue « leylat zafaf » (nuit de noces) avec du baroud et du sang bien sûr comme l’exige la coutume, c’est une preuve de virginité pour le taré maure. 
A la fin, on s'attendait à la castration des barbus, et au moins leur passage chez le coiffeur de tout aqelwash ahamzaoui (« bouc qui rase les bords », le « bled runner » quoi :) ) ou ahuli barara/balala (« tête de bite ») , mais non, ces Abou Boucs tiennent désormais compagnie au qelwa, le couillu moustachu général ou colonel, le chikour « maquerau » de Dzayer-femme, putain de bled. Là vraiment t’naket Dzayer jusqu'au trognon, de toute façon elle est toujours niquée Dzayer (Alger-ie), L’Dzayer therwa boubou, si vous voyez ce que je veux dire :)). Et pourtant c’est la mère-patrie, donc ne m’en voudrez pas d’usager de « motherfuckers » à l’égard de ces khorotos. L’Dzayer est dans la tourmente, elle est dans la tournante, c’est pire que Cologne, car ça se passe chaque jour ! Et celui qui n’adhère pas n’a qu’à aller se réfugier dans ses valeurs, loin des larbins du Janissaire. En Kabylie, bien entendu. 
Le Janissaire
Aujourd’hui, il me paraît évident qu’il faut revoir l’histoire d’Alger (et pas seulement). Le Janissaire d’Alger n’est pas forcément Turc (nationalité), c’est un titre, une profession, un corps de métier précis : c’est l’Armée régulière. Et comme disait le regretté Dda Lho « Tous les états du monde ont une armée, seule l’armée algérienne possède son Etat ». Cologne ou Césarée (Alger ou Agadir, Cadix), c’est avant tout une Colonie=Caserne (agadhir « fortresse, grenier ») = Cité-Etat. Un état césarien est colonial d’office, c’est une junte militaire. Lorsqu’on dit le Janissaire, on sous-entend aussi le César et donc le Kaiser en allemand, le Tsar en russe, etc. Des mots sosies en somme. Le RGL de redjla ou dans Maha-radja est simplement regulus de Roi, et ainsi de suite. Remarquons que si Bougie contient une Yemma (mère) - Yemma Gouraya en l'occurrence, patronne de la ville -, et que si l’Egypte (ancienne surtout) est désignée en arabe Oum Dounia « la mère du monde », en Algérie ou plutôt à Alger, on ne parle que de Reb : Reb Dzayer, Reb el-meqla, etc. Reprenons maintenant la fabuleuse image du janissaire. Zoom sur le chef, le capitaine qui porte la cuillère. 

Un détail physique du chorbadji « serveur de pot/soupe/chorba » attire notre attention car il symbolise justement la virilité, on y devine même le nom de ce chorbadji. Lequel ? Avez-vous lu le récit « Le grain dans la meule » de M.Ouary sur ce « détail » d’un idiot à l’origine d’un malheur ? L’histoire se passe chez les Ath Qaci, les « Siciliens » ou les « Corses » (dans l’imaginaire français surtout:) ) de Kabylie, des durs à cuire, auxquels Dda Lwennas dédia une excellente chanson avec un titre évocateur pour notre thème Ajradh « les sauterelles ». Mais c’est l’artiste kabyle-algérois Fellag qui donne la réponse complète à nos deux questions (chrono 01 :40) : C’est la moustache le signe de virilité (la redjla en algérois), et Mohamed serait le nom qui conviendrait le plus à ce chorbadji (version turque), ce dernier va se décliner en argot arabe algérois comme le patronyme Bouchouareb (chwareb « moustaches » en arabe, parfois « lèvres » aussi en daridja/argot nordaf). En kabyle et chawi, c’est vu-shlaghem ou Bouchlaghem, de shlaghem « les moustaches », au singulier a-shelghum « la moustache » qui est dans le nom du toponyme Chelghoum L'Aid.
Cette image du chef des janissaires avec une moustache et une cuillère est une image fabuleuse car elle permet de comprendre des choses et des choses, et de faire la leçon aux camarades Sémites en leur expliquant leur propres langues :)) La cuillère du janissaire est clairement attestée en kabyle dans GNZ de th-dhundjayth « la cuillère », a-ghundja « la louche » et le fameux a-ghendjur « le nez aquilin », signe de noblesse (il serait dans le nom de Loundja des contes kabyles). La variante sémitique-arabe de la cuillère est mil3aqa, et le doute n’est plus permis, elle est en relation avec la racine sémitique très ancienne MLK de malik « roi, prince, souverain ».
Comme si en français cuillère devenait aquillère de aquila « aigle », aquilin. C’est-à-dire que la cuillère est un attribut régalien, le culte phénicien de Melqart de Cadix (un Agadir en berbère, et Alger aussi) va dans le même sens : Melqart serait le candidat idéal pour le rôle de Reb El meqla, le « roi de la poêle ». Et l’origine de cette cuillère attribut de puissance, il faut aller en Egypte ancienne, LA référence par excellence : c’est sans doute la Croix ansée – ansée, j’insiste, comme la louche ou la cuillère – dite Ankh « vie », cette racine est dans GNZ en kabyle pour « cuillère, louche, nez aquilin ». Un attribut de roi, de chef d’armées, de (grand) duc, de (grand) timonier. Mais ce n’est pas tout. Cette même racine de janissaire (forme récente) est en russe dans GNC du gontchar « potier », Kniaz « duc » (noble) idem au King « roi » en anglois. Les ustensiles nobles seraient en poterie d’argile, c’est sans blagues. On comprend aisément que le mythe ou l'histoire d’Hannibal Barca de barq « foudre, éclair » serait d’argile, « argélien » (Argel [arkhel] en espagnol pour Alger), Barca serait « potier » - encore un bon candidat au poste de de Reb El meqla, le « roi de la poêle » –, qui deviendra plus tard sorbet, shorba du Chorbadji chef des janissaires chez les Turcs ottomans.
Allons en Egypte de l’époque d’avant les Turcs ottomans. C’était l’époque des Mamelouks « possédés », des Circassiens. Moustachus, évidemment)) Le terme kabyle argaz « homme, mâle », outre la relation avec Rex « roi » en latin, Raja en hindou, Arkhi en grec, va être aussi « circassien ». Si on recule un plus loin dans le temps, ça sera sur Alexandre le Grand, de alex « protecteur » (des hommes) en grec que s’alignera argaz, tout comme rex, circassien. Comme quoi tous ces rois-mâles moustachus, quels que soient leurs noms : Alexandre, César, Janissaire, King, Tsar ou Kaiser (Kaïzer), sont tous des sosies. Il nous reste à aller plus loin dans le temps pour localiser le « janissaire » chez les Pharaons de l’Egypte ancienne, un pharaon ou une divinité.


Intéressant ce thème martial avec ces deux indices (cuillère, moustache) qui, par exemple, peuvent nous conduire à supposer que les Berbères auraient leurs soudards « janissaires » ou prétoriens (soldats professionnels) propres : les Chleuhs, pour cause du lien avec la moustache en kab/berbère shlaghem. Mais revenons à Alger. Que signifie cette « divinité » algéroise de Reb El Meqla « le dieu de la pôele ». Je suppose que la poêle serait la Caserne, après tout ce dernier terme n’est pas loin de la Casserole. Le Roi de la Poêle serait un commandant de caserne, d’armée… et de la mangeoire :) Le terme kabyle agulaf « essaim (d’abeilles, de guêpes) » tout comme tha-ghuras-th « la ruche » sont proches de ghuraf « louche » en masri/arabe, attribut de roi ou de chef de guerre.


Maintenant voyons l’indice « européen » du janissaire. L’on sait que ces soldats d’élite yenitchéri « janissaires » chez les Turcs ottomans, les circassiens chez les sultans Mamelouks d’Egypte seraient des esclaves européens, des blancs et parfois blonds, séparés de leurs parents, éduqués à l’art de la guerre. Je n’en suis pas sûr et voici pourquoi. En Kabylie, un esclave (akli) est normalement noir ou brun, surtout pas blond :)). Pourtant, dans la tradition kabyle, on dit bien y shvah am u Romi « il est beau comme un Romain » (terme élargi au Français, Européen, Latin) comme le dit Fellag sur cette vidéo (chrono 1 :15). Ce Romi. Ce Romain beau comme un dieu de l’imaginaire kabyle est un soudard : Armée, armures et Aurum « or » expliqueraient tout. Peut-être que ce beau Romain est simplement un « officier » ou tout soldat en uniforme en général, un soldat/officier romain par exemple. Quel terme utilisent les maures arabisés (dans l’Oranais par exemple) pour designer le Romain, le Français, l’Espagnol, l’Occidental, le chrétien, l’Européen en général ? Leur terme équivalent du kabyle a-Romi est le « gawri », « legwar » au pluriel. A quoi ressemble ce terme ? Tout simplement la guerre (prononcé gwerra en espagnol/italien) et au WRG de a-wragh (gawragh ?) « jaune, or » en kabyle et berbère. Le janissaire lui-même ne serait-il pas « jaune » qlq part ? Un beau guerrier en somme ce Romi ou ce janissaire, mais c’est largement insuffisant pour justifier ce mythe du « beau Romain ».
A y réfléchir, cet « indice aurifère » devrait indiquer qlq chose de bien plus important qu’un soudard même s’il harnaché comme un arbre de Noël. A mon sens, c’est plus à l’espace-temps qui entoure le « beau Romain » qu’il faudra s’intéresser. Deux cas de figure peuvent être envisagés :
1. L’Âge d’or : ici donc en lien avec l’armée, le Romain, Rome et pourquoi pas avec Marc-Aurèle vu qu’il est d’or et que l’histoire confirme tout le bien que l’on peut penser de lui aux quatre coins de l’empire. Cette logique d’âge d’or peut s’appliquer à la France : Philippe le Bel peut signifier qu’il était « beau », mais aussi « jeune » et « belliqueux » comme on l’a supposé déjà, mais il serait plus judicieux de supposer une référence à son époque qu’à sa personne : une « belle époque » ; les Français contemporains parlent de l’époque de Charles de Gaulle ou des « trente glorieuses », hein ? Cette logique transposée en Egypte ancienne pourrait nous renvoyer à l’âge d’or de cette civilisation, peut-être à l’époque de Khéops vu qu’il a construit la plus grande pyramide, ou bien à Ramses II ;
2. Conquérant : ce mythique « beau soldat/officier romain » était un conquérant. L’exemple espagnol avec les Conquistadors à la ruée vers l’Eldorado est un exemple parfait, et ça nous donne un conquérant-chercheur d’or ; ça pourrait aussi indiquer un « âge d’or » au sens de ruée vers l’or.
On va terminer ce billet par le janissaire - roi de la poêle algérienne. C’est un piètre Kaiser sans soucis, c’est le moins que l’on puisse dire. Un César ? Au sens de dictateur, oui, la grandeur en moins. Il est plus comparable à un personnage fictif : Keyser Söze. Et, je paraphrase, « le coup le plus rusé que le Janissaire ait jamais réussi, c’est de faire croire à tout le monde qu’il est éternel ». A part la virilité qui s'exporte jusqu'à Cologne ces derniers temps et la virilité d'Etat, c’est-à-dire l’armée, rien ne marche dans son pays et rien d’autre n’importe aux sujets de ce janissaire. Et tout le reste semble foutre le camp : la fuite des cerveaux, la fuite des capitaux, (maâlich,pas grave, ils nous reste toujours la capitale, Dzayer, disent-ils !) même l’eau et le gaz s'y mettent :). Normal, le cerveau n’a pas de moustaches, ce qui ne fait de lui une femme à soumettre ou lapider ! Le capital aussi c'est comme une femme, ça ne va jamais dans une caserne ! (quoique... :)) Mais ça, c’est le dernier souci du Kaiser de caserne - janissaire d’Alger. 


La virilité vit son âge d'or au royaume des maures. Et comme disait Malek Ouary : à l'origine du malheur, la moustache d'un idiot. Et cet idiot s'est fait en plus pousser la barbe... Et ce n'est pas drôle du tout !

P-S
Au sujet du kaiser, kaizer (altération de César en allemand). Comment appele-t-on les Ustensiles en kabyle ? a-qejdhur (c'est Kaiser/César) ou a-jeqdhur (verlanisé donc) ?